Contrôle post-traitement ou éradication virale : Les approches innovantes pour guérir le VIH


La recherche sur la guérison du VIH a fait d’énormes progrès ces dernières années, avec deux approches principales en cours d’étude : le contrôle post-traitement et l’éradication virale. Dans cet article, nous explorons en détail ces deux approches, leurs implications pour les chercheurs et les patients, ainsi que les défis qui subsistent pour parvenir à une guérison complète du VIH.


1. Le contrôle post-traitement du VIH


Dans la dernière décennie, des cas de contrôle post-traitement du VIH ont été signalés en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Ces patients, ayant débuté un traitement antirétroviral (ART) dans les trois mois suivant l’infection, ont réussi à maintenir le contrôle du virus après l’arrêt du traitement. Les mécanismes sous-jacents à ce contrôle ne sont pas encore bien compris, mais semblent impliquer une combinaison de fonctions immunitaires. Toutefois, il est important de noter que le virus reste détectable chez ces patients grâce à des tests de laboratoire sensibles, ce qui indique que l’éradication virale n’a pas eu lieu.


Il n’existe actuellement aucune intervention qui puisse induire de manière fiable un contrôle post-traitement, et ces rares individus font l’objet d’une attention particulière de la part des chercheurs.

2. L’éradication virale du VIH


À ce jour, un seul cas d’éradication virale apparente a été signalé : Timothy Ray Brown, initialement connu sous le nom de “patient de Berlin”. Diagnostiqué avec une leucémie aiguë myéloïde, il a reçu une greffe de cellules souches d’un donneur présentant une mutation génétique rare (CCR5delta32), rendant les cellules extrêmement résistantes à l’infection par le VIH. Plus de 10 ans après la procédure, Timothy Ray Brown reste exempt de leucémie et de VIH.


Cependant, les risques et la rareté des donneurs CCR5delta32 rendent cette approche peu applicable à une guérison plus large. Des essais de thérapie génique ont tenté de reproduire cette guérison, mais ont abouti au mieux à un contrôle post-traitement. Des études sur des animaux expérimentaux utilisant des approches immunitaires combinées, telles que des anticorps et des adjuvants de vaccins, semblent avoir éliminé l’infection. Cependant, des questions subsistent quant à la comparabilité des résultats obtenus chez ces animaux et l’expérience clinique chez les humains.


3. Tester l’efficacité d’une intervention pour la guérison du VIH


Évaluer si une intervention a abouti à un contrôle post-traitement ou à une éradication virale est l’un des aspects les plus difficiles de la recherche sur la guérison du VIH. La seule manière de déterminer définitivement l’un ou l’autre résultat est d’interrompre le traitement antirétroviral. Si le virus réapparaît, l’éradication virale n’a pas eu lieu. Attendre pour voir si une combinaison de réponses immunitaires finira par contrôler le virus peut être éprouvant pour le clinicien et le participant à l’essai.


Les chercheurs s’attendent à ce qu’il y ait une période de virémie, parfois importante, durant cette attente, pouvant durer plusieurs mois. Pendant ce temps, les cellules T CD4+ du système immunitaire peuvent être considérablement affectées et la transmission du virus à d’autres individus est possible.


La question demeure : combien de temps les cliniciens et les participants doivent-ils attendre avant de décider que l’intervention n’a pas fonctionné et que le traitement doit être repris? Si le traitement est repris trop tôt, un résultat positif pourrait être manqué. En revanche, si l’on attend trop longtemps, le participant à l’essai pourrait subir des préjudices importants.


4. Quelle approche est la meilleure pour guérir le VIH?


Les chercheurs estiment qu’il sera plus facile d’atteindre un contrôle post-traitement que l’éradication virale. Les quelque 100 cas de contrôle post-traitement, comparés au seul cas d’éradication virale, semblent confirmer cette hypothèse. Par conséquent, une grande partie des efforts de recherche sur la guérison du VIH se concentre sur la compréhension et la mise en œuvre du contrôle post-traitement.


Toutefois, les personnes vivant avec le VIH préfèrent presque universellement un scénario d’éradication virale. Si les deux approches permettent de soulager le fardeau de l’observance quotidienne du traitement antirétroviral, seule l’éradication élimine l’inflammation immunitaire persistante qui augmente les risques de problèmes cardiovasculaires et d’autres événements graves. De plus, seule l’éradication permet de lever la stigmatisation liée au VIH.


Dans certaines régions du monde, l’infection par le VIH peut être synonyme de condamnation à mort, non pas en raison des conséquences de l’infection elle-même, mais à cause des attitudes et réactions sociétales. Des histoires continuent d’émerger de personnes battues, emprisonnées ou assassinées en raison de leur infection. Bien que le contrôle post-traitement soit un objectif intermédiaire louable, nous ne devons pas perdre de vue le besoin urgent d’une véritable guérison. Nous ne pourrons éradiquer le VIH dans le monde tant que nous ne pourrons pas l’éradiquer chez tous ceux qui vivent avec le virus.


La recherche sur la guérison du VIH a parcouru un long chemin, mais il reste encore beaucoup à accomplir pour parvenir à une guérison complète et durable. Le contrôle post-traitement et l’éradication virale représentent deux approches prometteuses, chacune avec ses propres défis et enjeux. Les chercheurs, les cliniciens et les patients doivent continuer à travailler ensemble pour surmonter ces obstacles et atteindre l’objectif ultime : une guérison complète et accessible à tous ceux qui vivent avec le VIH.

En tant que médecins et chercheurs, il est crucial de rester informés des dernières avancées dans ce domaine et de soutenir les efforts de recherche visant à développer de nouvelles stratégies de guérison. La collaboration et le partage des connaissances sont essentiels pour parvenir à un avenir sans VIH.

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