La résistance aux antibiotiques représente un défi majeur pour la santé publique mondiale, avec environ 700 000 décès par an causés par des infections résistantes aux médicaments. Cette résistance croissante restreint les options thérapeutiques et compromet le traitement efficace de nombreuses infections.

Devant l’importance de cette menace, il est devenu urgent pour les chercheurs, les institutions de santé publique et l’industrie pharmaceutique de développer de nouvelles classes d’antibiotiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi une liste de bactéries prioritaires pour la recherche de nouveaux antibiotiques.

L’étude réalisée par Evans BA et al. (2022) a pour objectif d’identifier et d’évaluer une nouvelle classe d’antibiotiques, les céphalexines, pour leur potentiel à combattre les bactéries résistantes aux médicaments, en particulier les bactéries Gram-positives.

Méthodologie

Les chercheurs ont examiné des milliers de composés chimiques pour trouver des molécules capables d’inhiber la polypeptide déformylase, une enzyme essentielle à la reproduction des bactéries. C’est ainsi qu’ils ont découvert les céphalexines, une nouvelle classe de composés prometteurs.

Après avoir identifié les céphalexines comme inhibiteurs potentiels de la déformylase, les chercheurs ont optimisé et testé des centaines d’analogues pour déterminer les composés les plus puissants et efficaces.

Pour évaluer l’efficacité et la sûreté des composés, les chercheurs ont déterminé la concentration minimale inhibitrice (CMI) nécessaire pour tuer 90 % des cellules bactériennes (CMI90) et la dose létale médiane (DL50).

Des tests in vitro ont été réalisés sur des cellules murines et des vers, tandis que des tests in vivo ont été menés sur des souris infectées par des bactéries résistantes aux médicaments.

Résultats

Les céphalexines se sont révélées très efficaces pour traiter les infections à bactéries Gram-positives résistantes aux médicaments, notamment le staphylocoque doré (S. aureus) et le streptocoque pyogène (S. pyogenes). Les CMI90 étaient de 0,25-0,5 μg/ml contre S. aureus résistant à la méthicilline (SARM) et de 0,5-1 μg/ml contre S. pyogenes.

Les céphalexines ont été testées pour leur sûreté et leur tolérabilité dans des modèles animaux, y compris des vers et des souris. Les tests ont montré que les céphalexines présentaient de faibles DL50, suggérant une bonne sécurité et tolérabilité.

Dans les tests sur des souris infectées, les céphalexines ont montré une efficacité supérieure à celle des antibiotiques standard. De plus, la résistance s’est développée plus lentement pour les céphalexines que pour les antibiotiques standard.

Discussion

Les résultats de cette étude sont prometteurs pour le développement de nouveaux antibiotiques. Les céphalexines pourraient constituer une nouvelle classe d’antibiotiques efficace contre les bactéries Gram-positives résistantes aux médicaments.

Les céphalexines agissent en inhibant la polypeptide déformylase, une enzyme essentielle à la reproduction des bactéries. Ce mécanisme d’action spécifique pourrait expliquer l’efficacité des céphalexines contre les bactéries résistantes aux médicaments.

Les céphalexines présentent un potentiel significatif pour surmonter la résistance aux antibiotiques. Leur mécanisme d’action unique et leur capacité à éliminer efficacement les bactéries résistantes aux médicaments pourraient permettre de combler un vide important dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques.

Limites et perspectives

Avant d’entrer en usage clinique, les céphalexines devront faire l’objet d’études supplémentaires pour déterminer leur efficacité et leur innocuité chez l’homme.

Pour être efficaces chez l’homme, les céphalexines devront être optimisées en termes d’absorption, de distribution, de métabolisme et d’excrétion. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour surmonter ces défis.

Comme pour tous les antibiotiques, il existe un risque d’émergence de résistance pendant le traitement avec les céphalexines. Les chercheurs devront surveiller attentivement l’évolution de la résistance aux céphalexines.

Pour évaluer pleinement le potentiel thérapeutique des céphalexines, des essais cliniques à grande échelle devront être menés. La collaboration avec l’industrie pharmaceutique sera essentielle pour financer et réaliser ces essais, ainsi que pour mettre en place des stratégies de développement et de commercialisation des céphalexines.

Les céphalexines représentent une avancée majeure dans la lutte contre les superbactéries résistantes aux médicaments. Leur efficacité contre les bactéries Gram-positives résistantes et leur mécanisme d’action unique les placent en bonne position pour devenir une nouvelle classe d’antibiotiques prometteuse.

En ciblant spécifiquement la polypeptide déformylase, les céphalexines pourraient offrir une option thérapeutique efficace pour traiter les infections causées par des bactéries résistantes aux médicaments. Cette approche pourrait répondre à la menace croissante de la résistance aux agents pathogènes courants.

Bien que les résultats de l’étude d’Evans BA et al. soient prometteurs, il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour valider et développer les céphalexines en tant que nouvelle classe d’antibiotiques. Les essais cliniques et les études supplémentaires devront être menés pour confirmer leur efficacité et leur innocuité chez l’homme, et pour optimiser leur formulation en vue d’une utilisation clinique.

En conclusion, les céphalexines pourraient bien jouer un rôle clé dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Toutefois, il est crucial que les chercheurs, les institutions de santé publique et l’industrie pharmaceutique travaillent ensemble pour garantir un développement rapide et efficace de ces nouveaux composés, ainsi que pour en assurer l’accès et la diffusion dans le monde entier.

Références :
Evans BA, Rutgers S, Helsinki U. Cephalexin antibiotics against drug-resistant Gram-positive pathogens. Nature. 2022 Feb 3;597(7875):257-61. doi: 10.1038/s41586-021-04359-3.
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Organisations :
Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Centers for Disease Control and Prevention (CDC)
Université Rutgers, États-Unis
Université d’Helsinki, Finlande
Financement :
Instituts nationaux de la santé des États-Unis, subventions AI145835 et AI152157
Fondation finlandaise pour la technologie, subvention 4236/31/2016
Conflits d’intérêts :
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts pertinents.
Remerciements :
Les auteurs remercient S. Shuman, D. Sullivan, le personnel de l’unité d’évaluation pharmacologique de Rutgers et Y. Moreira pour leur contribution technique.

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