L’immunothérapie du cancer, méthode thérapeutique visant à mobiliser le système immunitaire des patients pour combattre la maladie, est en pleine révolution. Remontant au début du XXe siècle, cette approche s’appuie sur des observations cliniques et des avancées scientifiques pour mieux comprendre et traiter les cancers. Dans cet article, nous retraçons l’histoire de l’immunothérapie et les progrès récents qui ont bouleversé la donne dans la lutte contre le cancer. Quelles sont ces avancées qui ont changé la donne ?

Les origines de l’immunothérapie

Le Dr William B. Coley, médecin américain, fut le pionnier de l’immunothérapie en constatant que l’injection de bactéries dans les tumeurs pouvait provoquer leur régression. Cette découverte a donné naissance à la théorie de la surveillance immunitaire, fondement de l’immunothérapie actuelle.

De la surveillance immunitaire à la théorie des 3 E

La théorie de la surveillance immunitaire, élaborée par Paul Ehrlich et formalisée par Lewis Thomas et Mc Farlane Burnett, a évolué avec le temps pour aboutir à la théorie des 3 E. Selon cette théorie, les cellules immunitaires détectent et éliminent les cellules cancéreuses en trois phases : élimination, équilibre et évasion.

Remplacer une réaction immunitaire défaillante

La greffe de moelle osseuse allogénique constitue la première immunothérapie efficace contre les cancers humains, notamment les leucémies et les lymphomes. Elle consiste à substituer les cellules souches hématopoïétiques défectueuses du patient par celles d’un donneur sain afin de stimuler le système immunitaire.

Stimuler la réaction immunitaire antitumorale

Des chercheurs ont révélé que certaines cytokines, telles que l’interleukine-2 (IL-2) et l’interféron-α (IFNα), peuvent activer le système immunitaire pour combattre le cancer. Bien que prometteurs, ces traitements entraînent des effets secondaires significatifs et ont des indications limitées.

Amplifier la réaction immunitaire : les inhibiteurs de points de contrôle (IPC)

Les inhibiteurs de points de contrôle (IPC) sont des molécules qui stimulent la réponse immunitaire en bloquant les molécules inhibitrices présentes sur les lymphocytes T. Ces traitements ont révolutionné l’immunothérapie en offrant une nouvelle stratégie pour lutter contre le cancer.

Augmenter l’immunogénicité des cancers

Pour que les tumeurs soient mieux reconnues par le système immunitaire, des thérapies spécifiques ont été mises au point pour accroître leur immunogénicité. Des chercheurs tels que Guido Kroemer et Laurence Zitvogel ont démontré le concept de mort cellulaire immunogénique induite par certaines thérapies conventionnelles, comme les chimiothérapies à base d’anthracyclines ou d’oxaliplatine, les radiothérapies et les photothérapies. Ces traitements provoquent l’apoptose des cellules tumorales, rendant ainsi les tumeurs plus aisément détectables et ciblables par le système immunitaire du patient.

Depuis ses débuts il y a un siècle, l’immunothérapie des cancers a parcouru un long chemin. Grâce aux progrès scientifiques et technologiques, cette approche est devenue le quatrième et peut-être le plus important pilier du traitement des cancers. Les immunothérapies ont déjà transformé et continueront de façonner durablement la prise en charge des patients atteints de cancer, offrant de nouvelles possibilités de guérison pour les patients métastatiques et améliorant la qualité de vie de nombreuses personnes touchées par cette maladie.

Ressources

  1. Cole, A. (2018). Cancer immunotherapy. Chemical & Engineering News, 96(3), 38–46.
  2. Kroemer, G., Galluzzi, L., Kepp, O., & Zitvogel, L. (2013). Immunogenic cell death in cancer therapy. Annual Review of Immunology, 31, 51–72.
  3. Pardoll, D. M. (2012). The blockade of immune checkpoints in cancer immunotherapy. Nature Reviews Cancer, 12(4), 252–264.
  4. Robert, C., Long, G. V., Brady, B., Dutriaux, C., Di Giacomo, A. M., Mortier, L., … & Lebbe, C. (2015). Nivolumab in previously untreated melanoma without BRAF mutation. New England Journal of Medicine, 372(4), 320–330.
  5. Sharma, P., & Allison, J. P. (2015). The future of immune checkpoint therapy. Science, 348(6230), 56–61.
  6. Topalian, S. L., Hodi, F. S., Brahmer, J. R., Gettinger, S. N., Smith, D. C., McDermott, D. F., … & Taube, J. M. (2012). Safety, activity, and immune correlates of anti–PD-1 antibody in cancer. New England Journal of Medicine, 366(26), 2443–2454.

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